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À l’heure où les femmes apparaissent dans le cinéma « de guerre », un détour par un film devenu classique invite à s’interroger sur la représentation des femmes dans la guerre, à titre d’introduction à la question plus grave du statut réel des femmes dans la guerre.
1941, opération Barbarossa, « la plus grande invasion de l’histoire militaire en termes d’effectifs engagés et de pertes [1] » : les armées nazies déclenchent l’offensive contre l’URSS, dont fait partie la Biélorussie [2] qui restera occupée par les soldats de l’Axe. Le pays perdra le quart de sa population en trois ans. Plus de 5 000 villages seront brûlés, dont 638 intégralement, habitants compris.
« Viens et regarde [3] » se situe en 1943. Nous pourrions être dans le village de Khatyn [4] (ne pas confondre avec Katyn [5], village polonais où l’Armée rouge fusilla 4400 officiers polonais). Deux jeunes garçons fouillent le sable à la recherche d’armes, sermonnés par un vieillard. Florian – diminutif Flora (Alekseï Kravtchenko) – trouve un fusil. Il rêve de rejoindre les partisans, de participer à cette exaltante aventure qu’est la guerre. Exaltante ?
C’est cet épisode tragique que retrace le film de Klimov. Film de guerre, « le plus grand film de guerre », disent nombre de critiques qui le mettent en regard d’Apocalypse Now. Elem Klimov pensait que personne ne voudrait le voir, à quoi le scénariste répondait : « Qu’ils ne le voient pas. Nous avons le devoir de le tourner [6]. » On y rencontre évidemment des hommes en nombre et en surnombre. Quid des femmes ?
L’exaltation de Flora n’est pas partagée par sa mère, à peine par ses très petites sœurs, certainement pas par sa jeune amie Glacha ni par les paysannes affamées réfugiées sur une île, ni même par la partisane ouvrant le feu sur les SS. Les femmes traversent le film avec discrétion, humilité, désespoir ou colère : elles ne sont pas au centre du récit, elles y passent avant tout en ombres silencieuses, compatissantes, souffrantes et niées dans leur existence.
Flora, jeune garçon, Glacha, jeune fille
Voici Flora, propre comme un sou neuf, vêtu de son meilleur et unique costume, casquette vissée sur la tête, au « camp » des partisans, en pleine forêt, – placé sous le commandement de Kossatch, gradé de l’Armée rouge (Liubomiras Laucevicius) –, ébloui par cette bonne centaine ou plus de combattants. Il est même au premier rang de la « photo de famille ».
Affecté à la garde de nuit, il voit passer Kossatch, bientôt suivi, furtivement, d’une toute jeune fille. On soupçonne alors dans cet univers de combattants comme la nécessité de liens qui pourraient être tendres : ces liens ne seront jamais explicites. Glafira, diminutif Glacha (Olga Mironova), est essentielle dans le récit : on la voit passer de l’état de belle jeune fille à celui de femme souffrante, pour n’être plus, à la fin, qu’une créature violée, ensanglantée et à la lisière de la folie : la violence de la guerre détruit aussi ceux et celles qui n’y participent pas directement. Klimov met un soin particulier, dans la tradition du cinéma russe, à filmer en gros plan le visage de la jeune fille et ses expressions muettes, les vibrations de ses regards et de sa peau.
Solidaires
Les partisans partent en opération, laissant Flora au camp, dépité. Tellement dépité qu’il décide de partir. Dans la forêt, il retrouve Glacha en larmes – longue robe de satin vert, blonds cheveux au vent, une légère coquetterie dans l’œil. Elle tente de le séduire : « J’existe, me voilà. Je veux aimer. Avoir des enfants. » Entre baiser, moquerie, prophéties, larmes et rires, les deux adolescents se lient d’amitié. Des obus largués depuis un avion ravageant terre et forêt, ils décident de rejoindre le village de Flora. La soupe est encore chaude, mais la maison est vide et dévastée, le village mort. Les poupées de chiffon des petites sœurs gisent au sol… La féminité, fût-elle de chiffon, est insupportable aux ennemis. Ils filent en courant vers une île où pourraient s’être réfugiées mère et sœurs. Glacha, se retournant en chemin, aperçoit, horrifiée, un tas de corps empilés au pied de la maison : parmi eux, la mère et les petites sœurs. Mais pour protéger Flora, elle se tait : elle a déjà intégré que le rôle des femmes est toujours et encore de protéger ? Après la terrible traversée d’un marécage (pendant le tournage, le jeune acteur a réellement failli se noyer), ils retrouvent les villageois.
Déploration
Sur l’île s’est regroupée une foule de paysans et surtout de paysannes terrorisé.e.s et affamé.e.s. Flora apprend la vérité : il est désormais seul, plus de « mamotchka [7] ». Les femmes le sauvent d’une tentative de suicide, et forment un chœur de déploration dépositaire des rituels de mort et des rituels de passage populaires : pour entrer dans le collectif des hommes, Il faut couper court les cheveux des garçons.
En compagnie de trois volontaires, Flora part à la recherche de réserves de nourriture. Mais les Allemands, mobiles et équipés, tirent sur tout ce qui bouge : Flora se retrouve seul. Même la vache confisquée à un paysan y passe. Il cache son fusil dans une botte de foin, trouve refuge dans la charrette d’un autre paysan, jusqu’à un village encore paisible.
Objets et femmes : au bordel !
Paix de brève durée. Le village est investi par les Allemands, toute la population est poussée dans l’église en bois, femmes, enfants, vieillards : aucun n’imagine le sort qui lui est réservé. Un gradé allemand invite, sous une imposte de l’église, « ceux qui n’ont pas d’enfant » à sortir. Flora réussit, terrorisé, à sortir. Coups de pied, injures, moqueries : mais on finit par l’oublier, on n’ose dire « le négliger », au profit d’une femme qui tente de sauver son petit garçon, puis que l’on tire par les cheveux, butin de guerre que l’on verra, plus loin, dans un camion, assouvir toute une soldatesque.
De l’usage des femmes en temps de guerre : misérables ou luxueuses, mises à la disposition des combattants, qu’elles soient violées ou « choyées ». On aperçoit dans le camion du chef SS une belle Allemande brune, maquillée, coquette, déguster quasi-érotiquement une écrevisse. À quoi servent les femmes dans les armées ? À délivrer, au même titre que le lémurien perché sur l’épaule du chef des SS, de la tendresse à des hommes éprouvés ? Simples objets sexuels ? [8]
Excès permis ?
Lance-flammes, grenades, mitraillettes, essence, réduisent l’église et ses occupants en une gigantesque torche dont la clameur se perd dans le crépuscule : la jouissance à ce spectacle pyrotechnique est exclusivement masculine. La guerre serait « un excès permis, voire ordonné, une violation solennelle d’un interdit », propose Freud dans Totem et tabou. Ordonné ? Solennel ? Il est permis d’en douter. Il y a les Allemands, et les Soviétiques, en guerre. Une guerre alors inégale : l’armée allemande est équipée de camions, de chars, d’armes en tout genre. Les soldats ont des uniformes, des bottes, des casques. On a affaire à des professionnels, dont les rôles et la hiérarchie s’inscrivent dans des galons, des boutons, des fourragères et des breloques. De son côté, l’armée des partisans se compose essentiellement de paysans mal équipés, mal chaussés, disposant de fusils de chasse plutôt que de kalachnikovs. Seul l’encadrement de ces « amateurs » relève de l’Armée rouge.
Exterminer les femmes, aussi
Elem Klimov ne montre pas les moments de combat des partisans. En revanche, les innombrables soldats allemands sont filmés sous tous les angles, dans leur frénésie mortifère où tout est permis. Sous l’apparence du désordre – camions lancés à pleine vitesse, courses en tous sens, side-car tournant en rond, tirs de mitraillettes à profusion, lancers de grenades, plaisir éjaculatoire du lance-flammes – se manifeste la cohérence d’un collectif soudé par les ordres du chef suprême, Hitler, et son « schéma directeur pour l’Est » [9] : il s’agit d’une véritable guerre d’extermination dont les opérations portent les jolis noms de « Fièvre des marais », « Magie d’hiver », « Fête de printemps »… Russes, Slaves, Juifs sont qualifiés de Untermenschen – « sous-hommes » [10]. Exterminer : ce n’est pas seulement tuer les vivants, c’est interdire toute reproduction, donc supprimer les femmes. Puisqu’on n’est plus chez les humains, les « lois de la guerre [11] » n’existent plus. La violence de la séquence « destruction du village », singulièrement tragique, est soulignée par une bande-son cataclysmique : tir des armes, éclats d’obus, souffle du feu, moteurs des camions, cris des villageois.es, vociférations des soldats, klaxons, sifflets, pétarades des motos, mélange des langues russe et allemande, chansons (populaire biélorusse et militaire allemande), retransmissions radio dans un haut-parleur, aboiements des chiens…Et caméra en perpétuel mouvement.
L’autorité de qui se tait
Ces collectivités masculines sont l’une et l’autre marquées par l’effet d’autorité du silence des chefs. Le commandant SS, regard glacial, présent sur le terrain, économise ses mots : les ordres ont été donnés au préalable. Kossatch non plus n’est pas bavard, il mène sa troupe littéralement au doigt et à l’œil, par quelques gestes, au mieux par de rares ordres à ses subalternes. Maître-mot des deux côtés : l’obéissance. Comme disait Charles de Gaulle : « Rien ne rehausse l’autorité mieux que le silence, splendeur des forts et refuge des faibles [12]. »
Très peu sauves
Flora est cette fois encore sur la photo de famille, un pistolet sur la tempe avant d’être rejeté au sol, où il s’évanouit, laissé pour mort. Le village est pillé – poules, cochons, miel – puis incendié, maison par maison. Est « sauve » une très vieille dame, abandonnée dehors sur son lit de fer, accrochée à ses oreillers : « On te laisse pour la reproduction, mémé. Tu nous feras encore un tas de chérubins. » La vieille sourit, ne comprend pas.
Flora reprend vie, s’égare, croise une jeune femme à l’agonie, seins à l’air, empoisonnée. Retrouve son fusil caché dans une botte de foin. Entend un sifflement, se retourne : c’est Glacha, devenue folle, qui avance, jambes écartées dégoulinant de sang : « Aimer, avoir des enfants », murmure Flora. Visage blessé, hébétée : Glacha rêvait d’être « Rose, la reine du kolkhoze », pour la rime.
Lâcheté des plus forts
Flora rejoint les partisans, qui ont réussi à capturer quelques officiers allemands et autres « collabos ». Non, personne n’y est pour rien, dans ce massacre. Les collabos ont été « obligés ». Le commandant SS [13] allemand, qui supervisait l’horreur, tendre pour son lémurien, n’a jamais fait de mal à personne. Il a des principes, il n’a même jamais tué une mouche. « Nous sommes en guerre, personne n’est responsable. » Mais Flora témoigne de son comportement. Un autre SS injurie son chef, plaidant que « tous les peuples n’ont pas le droit d’avoir un avenir », « notre mission est de vous exterminer ». Impassible, Kossatch croise le regard de Flora. Et donne l’ordre muet d’arroser d’essence les criminels.
Le dernier tir à une partisane
Mais c’est une partisane, que l’on aperçoit à peine, qui tire la première, réglant à la mitraillette leur compte aux traitres et aux nazis. Les corps ne seront pas brûlés : la vengeance, œil pour œil, dent pour dent, ne serait pas à l’ordre du jour ? Comme si refaire des gestes criminels était en soi criminel.
Dans une séquence alternant images d’archives et fiction, on voit Flora tirer avec rage sur le portrait d’Hitler. Images d’archives montées à l’envers, comme s’il était possible de revenir en arrière. Les parachutistes allemands remontent dans les avions, les soldats marchent à reculons. « Regarde-toi », disait Glacha à Flora lors de leur première rencontre, en prophétesse au regard oblique, image féminisée de « l’innocent [14] » – l’Idiot – qui énonce sans fard une exigence et une vérité. Flora se regardera, ombre projetée dans une flaque d’eau où flotte un portrait titré « Hitler libérateur ». Une image qu’il réduira à néant, muni de son fusil récupéré dans les sables de son enfance.
Héros et playmates ?
Les films de guerre nous ont accoutumé.e.s à nous intéresser aux actions d’individus clairement identifiés, qui ont un passé, parfois un avenir, qui aiment le surf, les échanges musclés ou les conversations aristocratiques. On rapporte que Coppola, pour la version révisée d’Apocalypse now, a réalisé qu’elle ne correspondait pas à 100 % au film dont il rêvait [15]. « À l’ère #MeToo, il aurait été très mal à l’aise avec la scène où des playmates de Playboy échangent leurs charmes avec l’équipe du capitaine Willard contre du fuel, scène qui ne figurait pas dans le montage de 1979 parce qu’elle ralentissait le film, mais coupée de nouveau pour des raisons plus morales [16] ».
Dans le cinéma soviétique traitant de la seconde guerre mondiale, dont les exemples les plus connus en France sont La Ballade du soldat, Le 41e ou Quand passent les cigognes [17], les femmes ont de multiples rôles, jamais celui de playmate [18] : dans Le 41e, Marioutka est tireuse d’élite, mais parvient à soigner et aimer « l’ennemi ». Dans Quand passent les cigognes, Veronika renonce à attendre son bien-aimé. Elle en épouse un autre et se fait infirmière. Dans La Ballade du soldat, le héros, Aliocha, en permission s’en va rejoindre… sa mère. Les soldats sont représentés plutôt comme de gentils petits gars, avec des chefs magnanimes et justes. Les femmes sont consolatrices sans être jamais consolées. En un mot : maternelles. Les jeunes filles affectées au service sexuel des armées n’existent pas dans le cinéma soviétique : la playmate n’a pas droit de cité dans l’imaginaire soviétique, et Klimov ne fait pas exception : playmate il y a, mais chez l’ennemi, et fort discrète. Les femmes, dans le camp des partisans, vaquent à leurs occupations « naturelles » : soigner les blessés, assurer l’ordinaire des repas, attendre le retour.
Pourtant, le film présente une différence majeure par rapport aux autres films soviétiques : le sentimentalisme inhérent à la culture russe est absent, les sentiments sont simplement suggérés, très peu « parlés ». Les personnages de premier plan, Kossatch, Flora et Glacha ne font pas l’objet d’une présentation biographique ou psychologique approfondie. Le féminin et le masculin se distinguent par la solitude à laquelle sont renvoyées non seulement les femmes – mais aussi un jeune garçon quittant l’enfance, solitude opposée à la grégarité des hommes.
Les hommes, pas vraiment des héros
À l’inverse de nombre de films de guerre, Requiem pour un massacre n’héroïse pas les combattants. On a surtout affaire, en masse, à des salauds, à des pauvres types et à des « innocents » agglomérés sous la forme d’un peuple. Parmi eux, pourtant, émergent deux personnages qui pourraient être « héroïsés » : Flora et Kossatch.
Kossatch, on le voit peu. D’aucuns en auraient fait un héros, sous les traits du chef charismatique, qui fait la part la choses entre nécessité politique (défendre sa patrie) et penchant humaniste (protéger le faible), soumis à la dureté des temps et au devoir de « mener des hommes ». Le film ne laisse pas le temps au spectateur de réfléchir à l’injonction paradoxale qui habiterait le personnage. Ce serait un autre film. Kossatch n’est qu’un regard.
Quant à Flora, c’est tout sauf un héros : adolescent fanfaron au début, il rêve d’héroïsme, de devenir un homme, adulte et utile. Il veut quitter l’enfance, rompre le lien avec l’univers féminin, celui de sa mère et de ses petites sœurs. Il découvre, avec Glacha, l’amitié – et même l’amitié amoureuse avec un être de sexe féminin pourvu de désirs. Les épreuves le font vieillir au fil des épisodes. On le voit, dans l’épisode du village en flammes, lever les yeux au ciel – au Ciel. Il aurait besoin d’un secours, mais de secours, il n’y en a pas. Klimov avait demandé au très jeune acteur (le tournage a duré neuf mois) de perdre ses joues roses et quelques kilos : Flora / Alekseï a dans les dernières images le teint terreux, quasi-halluciné, des poches sous les yeux et des rides au front – et une détermination farouche à « tuer Hitler ». Devenir un homme est une épreuve. Aux femmes, ce temps de l’épreuve est retiré.
Documentaire ? Fiction ? Propagande ?
La dimension documentaire est indéniable : Elem Klimov a travaillé le scénario avec Ales Adamovitch. Ce dernier avait lui-même rejoint les partisans biélorusses, et recueilli après-guerre le témoignage des rescapé.e.s, donnant lieu à la publication de Je suis d’un village en feu (non traduit en français) – démarche qui sera aussi celle de Svetlana Alexievitch [19]. Avant le tournage, Klimov a circulé deux mois durant en Biélorussie pour rencontrer les survivant.e.s, recueillir leurs récits, voir les villages (pour moitié, ils n’ont pas été reconstruits, comme les neuf « villages-fantômes » de notre Verdun). Il s’est également appuyé sur le souvenir indélébile de sa fuite de Stalingrad vers l’Oural, dans l’enfance : ville en feu sur soixante kilomètres, Volga en feu. Protégé, sous les bombardements, par un édredon et le corps de sa mère.
Le film ne se revendique pas comme fiction. Les catégories où enfermer les productions culturelles ont leur fonction dans l’économie culturelle, mais avec quelle pertinence ? Le village du film symbolise tous les villages qui ont connu le même sort.
Propagande ? La propagande vise à servir les intérêts d’un État ou d’une institution. Les déboires de Klimov avec la censure invitent à la plus grande prudence. L’accusation des décideurs de Goskino, l’institution décidant de la réalisation des films : il s’agit dans ce film de « propagande pour l’esthétique de la boue ». Oui, de la boue, on en voit, sur les visages, sur les mains, dans les cheveux, dans les bottes, dans les marécages. L’image est souvent sombre, grise, crépusculaire, avec de formidables percées lumineuses vers la nature : une cigogne, les blés, la forêt, les tourbières. Il y a aussi le bruit terrible de la guerre, et le silence quasi-mystique des forêts et des plaines cultivées.
Klimov est d’un lieu, d’une culture, d’une histoire, qu’il assume librement, quand bien même cette liberté contrarierait censeurs et financeurs : il aura fallu attendre sept ans pour que le scénario soit accepté par Goskino. Klimov fait valoir une nécessité vitale pour lui, et quelle raison nous ferait douter de sa sincérité – quand il dit, par exemple : « Je ne veux pas "faire du cinéma". » Il serait difficile de lui contester un engagement existentiel, vital. Après ce film, il a été incapable de continuer à tourner.
Klimov ici reste russe, et le film nous montre que les femmes dans la guerre obéissent à leur culture, et surtout à celle des hommes qui décident, font, ordonnent. Il leur reste les rôles « subalternes » d’assurer la survie, quand la vie ne leur est pas brisée ou ôtée. C’était en Biélorussie, en 1943. Ni documentaire, ni fiction, ni propagande : alors ?
Femmes dans la guerre, femmes dans les films de guerre
Le film devait être titré : « Tuez Hitler ». « Tuez Hitler partout, tuez Hitler en vous », dit Elem Klimov, tenant d’une forme d’humanisme que les autorités soviétiques n’ont pas vraiment appréciée. Devons-nous compter, côté humanisme, ici, sur Caroline Fourest, BHL en jupon ? En matière de guerre, elle nous en a servi une tranche, que j’avoue ne pas être allée voir, respect pour les Kurdes. « Faire du cinéma », « arrête ton cinéma ». Il n’est qu’à lire l’entretien accordé par la demoiselle au Monde pour mesurer l’inanité et la frivolité de l’affaire et de son affairiste ! « La liberté de la fiction m’est devenue vitale » - « tournage jubilatoire » - « film de guerre féministe ». Et de s’étaler sans vergogne sur ses infinis talents, son ego illimité : « Je me suis soignée avec ce film. J’ai pu jouer avec les symboles qui me hantaient, entendre des milliers de crépitements de kalachnikovs, voir des gens mourir et se relever ». Fourest, quel mec ! Rien à voir avec ce que Klimov appelle « désir d’un acte vrai, pour que la création acquière un sens ». N’en déplaise à la donzelle, la guerre n’est pas une fiction. Et sans revendication féministe avérée, Klimov, fidèle à lui-même et à une éthique rigoureuse, dresse un état des lieux et d’une époque. Quant aux crépitements de kalachnikov, il y a mieux : la fabuleuse bande-son de Requiem pour un massacre.
Le film est disponible sur le site de Mosfilm, remastérisé. https://cinema.mosfilm.ru/films/34735/
Polémiquons.
1. Requiem pour un massacre / Viens et regarde, 26 mai 2020, 17:20, par Blanche
Au sujet des jeunes filles affectées au service sexuel des armées : je recommande Une grande fille, de Kantemir Malagov, qui en touche mot. D’ailleurs il serait très intéressant d’en lire une critique sur le genre et l’écran !
2. Requiem pour un massacre / Viens et regarde, 26 mai 2020, 20:44, par Geneviève Sellier
c’est fait par la même autrice : comment avez-vous fait pour la rater ?
https://www.genre-ecran.net/?Une-gr...