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J’avais beaucoup aimé 9 mois ferme et Adieu les cons, en partie à cause/grâce aux actrices qui menaient la danse, Sandrine Kiberlain dans le premier, Virginie Efira dans le second. Je pensais que Cécile de France « ferait le job » dans Second tour, mais j’ai été un peu déçue…
Certes, elle est tout à fait jubilatoire dans son rôle de journaliste rebelle et fouille-merde, mais elle est peu à peu reléguée au second plan par la dramatisation autour du double personnage incarné par Dupontel, le candidat à la présidentielle et son jumeau apiculteur, avec une histoire un peu trop compliquée d’enfants roumains dont l’un des deux est adopté par une grande bourgeoise qui le pousse dans les meilleures écoles, ce qui en fait le candidat libéral idéal aux présidentielles, mais elle finira par le trahir et provoquer son assassinat.
D’abord je suis toujours gênée quand on diabolise une figure de mère, bourgeoise de surcroît… c’est trop facile ! Ensuite Dupontel n’a plus vraiment l’âge pour jouer les amoureux transis : il est censé avoir été dans la même classe que Cécile de France au collège, mais l’actrice a dix ans de moins que lui ! On retrouve encore une fois le double standard qui permet aux acteurs masculins d’ignorer leur âge tout en ayant pour partenaire des actrices nettement plus jeunes… Et qu’est-ce que viennent faire dans cette histoires ces deux femmes gardes du corps israéliennes surpuissantes (est-ce pure démagogie que ce rappel – qui tombe très mal – de la réputation d’invincibilité de l’armée israélienne ?…) Dupontel signe seul le scénario (comme dans la plupart de ses films) mais on se demande s’il ne serait pas avisé d’engager une femme comme co-scénariste… et de passer la main pour jouer les jeunes premiers !
L’idée d’un candidat qui, pour accéder à la Présidence, cacherait soigneusement sa volonté de réformer l’État dans le bon sens (faire face au dérèglement climatique, lutter contre les inégalités, etc.) a de quoi séduire mais elle manque malheureusement de pertinence : c’est l’inverse que nous expérimentons régulièrement…
On ne s’ennuie pas – Dupontel déploie comme toujours une grande inventivité narrative et formelle ¬ mais la fable tombe à côté de la plaque.