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Martin Provost / 2017

Sage Femme


>> Geneviève Sellier / vendredi 21 avril 2017


avec Catherine Frot et Catherine Deneuve


Le film s’ouvre sur une salle d’accouchement où une sage-femme met au monde un bébé dans une atmosphère chaleureuse. Claire, la sage-femme, protagoniste principale, est incarnée par Catherine Frot. C’est à travers elle que nous est racontée l’histoire des retrouvailles entre deux femmes, l’une, la cinquantaine, au tournant de sa vie professionnelle (la maternité où Claire travaille depuis plus de vingt ans doit fermer au profit d’une structure plus grande, plus « moderne » et plus éloignée), et l’autre, Béatrice (Catherine Deneuve) qui a été la compagne de son père et a disparu brutalement de leur vie quand elle avait une douzaine d’années, provoquant le suicide du père.

Béatrice resurgit tout aussi abruptement, et nous comprendrons bientôt qu’elle va bientôt mourir. Claire l’accueille, d’abord à contrecœur, puis petit à petit lui fait une place dans son appartement et dans sa vie, avant qu’elle disparaisse pour toujours, pardonnée et réconciliée.

La rencontre entre les deux actrices est évidemment la (bonne) idée du film, sur le registre de la cigale et la fourmi, mais sans la morale mesquine et vengeresse de La Fontaine. En effet, leur persona et leur personnage s’opposent en tous points : l’une après avoir longtemps incarné une classique beauté blonde, trône au sommet du star système français, l’autre a acquis sa notoriété sur le tard en jouant des femmes ordinaires ; l’une est flamboyante, l’autre sérieuse et un peu terne ; Béatrice écrase tout sur son passage, Claire prend soin des autres, par tempérament et par profession. Le film évite ce que cette opposition pourrait avoir de caricatural en choisissant de privilégier le point de vue de Claire, la femme « ordinaire » avec laquelle on peut s’identifier.

Son grand fils est la réincarnation de son grand-père, champion de natation (les deux personnages sont joués par le même acteur). Cela donne lieu à la projection d’un film de famille qui rapproche les deux femmes autour de leur amour pour le disparu…

On peut regretter que Martin Provost ait jugé nécessaire de pimenter l’histoire en ajoutant la rencontre de Claire avec Paul (Olivier Gourmet), son voisin dans le jardin ouvrier qu’elle cultive amoureusement. Ce personnage masculin est construit comme un sage qui sait, contrairement à Claire, trouver son bonheur dans les petites choses (il est routier parce qu’il aime être libre – sans rire –) et parvient à apprivoiser Béatrice que Claire lui confie pendant qu’elle est de garde à la maternité. Quand elle revient le matin, elle paraît d’ailleurs irritée en constatant leur complicité. Mais elle finit par se laisser attendrir par la gentillesse et la disponibilité de Paul… Et Béatrice connaîtra un moment de pur bonheur quand il lui laisse conduire son camion…

Les femmes ont-elles forcément besoin d’un homme pour trouver le bonheur ? Ou bien s’agit-il de nous rassurer sur l’orientation sexuelle des deux protagonistes ? On peut quand même se réjouir de voir un film rendre hommage à deux de nos meilleures actrices de plus de cinquante ans…


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