La première saison de la série de France 2 Dix pour cent a été la bonne surprise de 2016, plébiscitée par le public et par la critique. Elle raconte le quotidien d’une agence de stars, où de « vraies stars » font semblant de jouer leur propre rôle, et se succèdent comme « guest stars » de chaque épisode.
Mais la véritable originalité de la série vient de ce qu’elle met à mal systématiquement les normes genrées.
Dès le pré-générique, le premier épisode de la saison 1 annonçait la couleur en s’attaquant à une question éminemment genrée : la discrimination des actrices en fonction de leur âge. On y voyait Cécile de France se préparer à tourner un film pour Tarantino, pendant que son agent recevait le texto suivant : « Quentin Tarantino ne pas prendre Cécile de France dans son film. Problème d’âge ». L’actrice, née en 1975, a tout juste 40 ans au moment du tournage. Elle devait passer sous les fourches caudines de la chirurgie esthétique pour que le cinéaste la garde, ce qu’elle refusait in extremis.
L’originalité de cette série tient aussi aux quatre protagonistes récurrents principaux, deux femmes et deux hommes : l’une, Arlette Azéma, est incarnée par Liliane Rovère, une actrice née en 1933 ! Elle a donc 82 ans au moment du tournage ! Seule Line Renaud peut lui faire concurrence dans la fiction télévisée.
L’autre femme du quatuor, Andréa, qui va s’affirmer comme le personnage principal de la série, est incarnée par Camille Cottin, qui a commencé sa carrière comme humoriste, et dont le physique est tout sauf conventionnel : un grand nez et un profil en lame de couteau ; de plus on apprend au bout d’une minute qu’elle est lesbienne sur un mode don-juanesque : elle fait gérer ses conquêtes par sa secrétaire, entre deux rendez-vous professionnels ! Ce qui ne l’empêche d’être la plus sympathique et la plus dynamique du quatuor.
Quant aux deux hommes, l’un, Mathias (Thibault de Montalembert) est un dominant ordinaire, déprimant et déprimé… L’autre, Gabriel (Grégory Montel) est un balourd aussi gentil qu’inefficace.
Cette série, écrite par la scénariste Fanny Herrero, joue sur la diversité des identités de genre, de classe, de race et d’orientation sexuelle, sans jamais masquer les rapports de pouvoir qui les organisent.
On attendait donc avec impatience la deuxième saison.
Légère déception : le premier épisode qui raconte un conflit conjugal entre Virginie Effira et Ramzy Bedia, supposément mariés, est mal écrit : Virginie a été surprise par un paparazzi en train d’embrasser un autre homme un soir en boite, et son mari la met dehors. L’agence ASK qui s’occupe des deux acteurs, est aux premières loges pour gérer l’incident, qui coïncide avec la sortie du film où les deux acteurs sont tête d’affiche. D’où des catastrophes qui s’enchaînent, jusqu’au moment où les deux acteurs se réconcilient sur le plateau de Michel Drucker, sans qu’on comprenne pourquoi… et annoncent à leur agent, Mathias, qu’ils le quittent pour recommencer à zéro.
Pendant ce temps, Andréa réussit à convaincre un copain d’enfance qui a fait fortune avec un site de rencontre, de racheter l’agence qui est en mal de propriétaire depuis que le patron dans le premier épisode de la saison 1 est mort d’une crise cardiaque : bien mal lui en a pris : ce jeune loup va appliquer immédiatement un management aussi moderne que terrifiant ! Ce nouvel actionnaire majoritaire aux dents qui rayent le parquet s’appelle Hicham Janowski (Assaad Bouab) et a un magnifique look oriental… Attention, danger !
Le deuxième épisode avec Fabrice Luchini est plus réussi, mais le nouvel actionnaire confirme sa gestion brutale de l’agence (c’est le moins que l’on puisse dire).
On attend la suite avec un peu d’inquiétude…